Paloma

Après une poignée de compositions dispersées sur quelques micro-structures qui comptent (Krank, Acuarela, See-Through, Arbouse, Keyhole), le onze conduit par Laurent Vaissière, dans lequel s’illustre également Alex Mélis, l’ancien dirigeant du fort regretté label Les Disques Mange-Tout, transforme largement son premier essai longue distance. Pas la moindre trace d’un mordu sur la planche d’appel. Pourtant, avec une vitesse de course ne frôlant que trop rarement les quarante bpm, difficile de prendre de l’élan. Toute la puissance du geste provient de l’impeccable travail fourni lors des séances d’entraînement en compagnie du préparateur physique Tim Hurley, musicien de Chicago et ex membre de Red Red Meat. En onze morceaux, Paloma ravit coupes et médailles aux héros des parcours de fond du grand ouest américain. Les Red House Painters n’ont toujours pas quitté les starting-blocks, et Silver Jews est acculé à la corde. Les arpèges cristallins des guitares acoustiques, les rythmiques discrètes, la clarinette joyeuse, la pedal-steel alerte, les voix chaudes et familières subliment l’intimité du groupe. Celle-ci emprunte autant à l’héritage du Harvest de Neil Young qu’au Madcap Laughs de Syd Barrett. C’est Paloma qui prend la mère, mais les pères des variations boisées psychédéliques prennent Paloma… aux tripes.

Jean-Noël Dastugue

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